Oyez oyez

Venez. Approchez. Entrez au chaud. Au sec. Dans mon crâne. Installez-vous où vous voudrez. Faites comme chez vous. Un bruissement tout autour : la pluie. Le clapotis de l'eau sur la terre assoiffée. Tout va bien, endomorphine, sérénité. On sourit. On ferme les yeux. Soupir détendu. Aaah. Vos doigts s'entrecroisent, votre nuque se dénoue, vos épaules s'ouvrent.

Y a pas de mal. Y a pas de mal.

Crève une enfant, pourtant, quelque part, violée par des ogres. Peau visqueuse dans peau céleste. Yeux de cendres dans yeux d'azur. Lèvres de plaie dans lèvres d'aurore. Des claquements. Les os craquent. La chair cède. Hurlements. Insultes. Petite salope. Dis que t'aimes ça. Gueule. Plus fort. Un coup. Plus fort. Tu vas t'en souvenir. Ma petite salope. Han. Pute. Un coup. La peau. La chair. Le squelette. L'esprit. Cèdent. Deux jambes trop courtes. Des angles contre-nature. Un ruisseau de sang froid. Bissecteur.

Imaginez. Le silence. Maintenant. Vous êtes seul. Face à votre écran. Il n'est rien arrivé. Une innocente enfant meurt dans l'imagination d'un écrivain médiocre, torturée et seule. Tout va bien, fermez les yeux.

Y a pas de mal. Y a pas de mal.